Samuel MARECHAL
On vous attend, tous les deuxièmes lundis du mois à 19 h 30 au rez-de-chaussée de l’Avouerie pour une programmation qui, nous l’espérons, vous ravira.
PROGRAMMATION 2022
Lundi 9 janvier
Ingmar Bergman – Suède 1958
Au XIVe siècle, en Suède, une grande épidémie de peste ravage le pays. Un chevalier et son écuyer rencontrent la Mort sur une plage déserte, le chevalier lui propose une partie d’échecs, espérant y trouver une solution aux problèmes métaphysiques… Une des plus grandes œuvres d’Ingmar Bergman, cinéaste intemporel, d’une rare intelligence, des instants d’intense émotion qui resteront à jamais gravés dans les mémoires.
Lundi 13 février
Yorgos Lanthimos – Grèce 2015
Dans un futur proche, toute personne célibataire est obligatoirement internée à l’Hôtel et a 45 jours pour y trouver l’âme sœur. Passé ce délai, elle est transformée en l’animal de son choix. Après 11 ans de relation, David se retrouve célibataire lorsqu’il apprend que sa femme l’a quitté pour un autre homme. Il est emmené à l’Hôtel où il découvre ses nombreuses règles, et assiste à des bals, des soirées festives et des scènes théâtrales montrant les avantages d’une relation. Il part aussi à la chasse aux Solitaires, des résistants vivants cachés dans la forêt. Chaque Solitaire capturé à l’aide d’un fusil à fléchettes tranquillisantes offre un jour de plus au chasseur pour trouver un partenaire ayant quelque chose de particulier en commun afin de pouvoir débuter une relation. David se lie bientôt d’amitié avec Robert et John, mais lorsqu’il se retrouve dans une situation délicate, après avoir fait croire qu’il était compatible avec une résidente, il tente d’échapper à son destin en s’enfuyant dans les bois. Il y est recueilli par les Solitaires, aux règles aussi strictes que différentes de celles de l’Hôtel.
Une allégorie aussi absurde que jouissive, qui met en exergue les pressions sociales autour des rapports sentimentaux et humains.
Lundi 13 mars
Paul Newman – USA 1972
Béatrice Hunsdorfer est une veuve d’une quarantaine d’années, elle rêve d’ouvrir un salon de thé élégant sans pouvoir disposer des ressources nécessaires pour atteindre son but. Ruth, son aînée, épileptique, est une adolescente rebelle, alors que Matilda, la cadette, est une jeune fille timide, mais très intelligente et idéaliste. Cette dernière trouve le réconfort dans le soin qu’elle prodigue à son animal de compagnie, un lapin, et dans les projets scientifiques qu’elle réalise avec l’école. L’expérience de Matilda, qui donne son nom au film, est censée montrer combien une petite quantité de radium affecte les marguerites, certaines meurent, mais d’autres évoluent avec des mutations étranges mais très belles, qui diffèrent totalement des plantes originales. Un film d’une grande justesse de Paul Newman, metteur en scène, un beau portrait de femme en dépression qui lutte pour survivre dans une société qui la dépasse.
Lundi 10 avril
Nuri Bilge Ceylan Turquie 2011
Au cœur des steppes d’Anatolie, un meurtrier tente de guider une équipe de policiers vers l’endroit où il a enterré le corps de sa victime. Au cours de ce périple, une série d’indices sur ce qui s’est réellement passé refait progressivement surface. Une trame macabre pour un film lumineux dans les steppes anatoliennes, qui révèle toute l’ambigüité de l’âme humaine.
Lundi 8 mai
Ade Allemagne 2016
Winfried Conradi, un enseignant allemand d’une soixantaine d’années, fantasque et habitué à se grimer, va rendre une visite surprise à sa fille Ines, consultante de haut niveau en poste à Bucarest. Alors qu’elle essaye de négocier un contrat d’externalisation très important pour sa carrière, il s'immisce dans sa vie professionnelle et personnelle afin de la faire réfléchir sur elle-même, dans une série de situations inattendues qui la déstabilisent. Voyant le risque qu'il fait prendre à sa fille, il décide de rentrer en Allemagne. Ines se consacre à fond à sa mission, mais elle a la surprise, un soir dans un grand hôtel, de retrouver son père sous le nom de Toni Erdmann. Un ton décalé pour conter cette histoire admirablement interprétée, qui oscille sans cesse entre rire (parfois aux larmes) et émotion.
Lundi 12 juin
Charles Laughton USA 1956
Dans les années 30, en Virginie-Occidentale, un prêcheur inquiétant poursuit dans l’Amérique rurale deux enfants dont le père vient d’être condamné pour vol et meurtre. Avant son incarcération, le père leur avait confié dix mille dollars dont ils ne doivent révéler l’existence à personne. Pourchassés sans pitié par ce pasteur psychopathe et abandonnés à eux-mêmes, les enfants prennent la fuite. Unique film de Charles Laughton qui mêle terreurs gothiques et merveilleux enfantin, film noir et conte de fées, il traverse tous les genres, mais ne se plie à aucun. Une Œuvre belle, étrange, indéchiffrable, allégorique aussi, où le mal pourchasse l’innocence, où l’épouvante côtoie la féerie, où la poésie s’enracine dans le subconscient.
« Très peu de films donnent ce sentiment de se situer à la fois en amont et en aval du cinéma et d’en dominer toute l’évolution » Serge Daney
«S’immerger dans cette œuvre comme on s’enfonce dans l’obscurité du poème et de la nuit» Gérard Mordillat
Lundi 10 juillet
Giuseppe Tornatore Italie 1995
En 1953, Joe Morelli arnaqueur de génie, sillonne la Sicile à la recherche de nouveaux talents. Pour 1500 lires, Joe tourne des bouts d'essai et promet tout : gloire, richesse, amour,… L'homme de cinéma « filme » tous les siciliens : mafieux, communistes, paysans, employés municipaux, carabiniers… Tous se racontent et s’exaltent devant la caméra qui en réalité ne fonctionne pas… Seule une jeune italienne, Beata prendra dans ses filets le « marchand de rêves » à son propre jeu, pour en faire, malgré lui, un autre homme… Un film qui porte bien son nom, une leçon de cinéma et de tendre humanité.
Lundi 14 août
Akira Kurosawa Japon 1965
Début du XIXe siècle, jeune homme brillant mais arrogant, Noboru Yasumoto rêve de devenir le médecin personnel du Shogun. Il ne peut que se cabrer lorsqu’il se retrouve affecté dans un dispensaire d’un quartier misérable d’Edo, sous les ordres du docteur Kyojio Niide, alias Barberousse, dont la sévérité et l’aspect constamment renfrogné ne font qu’ajouter à son insatisfaction. À travers les cas de malades qui sont autant de victimes de la misère sociale et humaine, et qui vont fortement le marquer, le médecin fraîchement diplômé va découvrir progressivement la véritable nature de Barberousse, un homme plein de compassion et totalement dévoué à ses patients, pour qui la lutte contre la misère et l’ignorance est l’arme la plus efficace pour combattre les maladies. Commence alors pour Yasumoto une profonde remise en question sur ses aspirations et son humble responsabilité de médecin. Un film profondément humain et plus que jamais d’actualité, pour un Kurosawa au sommet de son art.